\documentclass[../../Cours_M1.tex]{subfiles} \newcommand{\nomTD}{TD3 : Stabilité des systèmes linéaires} \renewcommand{\nomentete}{UE431 - \nomTD} \begin{document} \section*{\nomTD} On considère un système d'entrée $e(t)$ et de sortie $s(t)$ régi par l'équation différentielle suivante : \[ \tau^2\frac{d^2s(t)}{dt^2} + \tau\frac{ds(t)}{dt} = -e(t), \text{ avec } \left\{ \begin{array}{rl} s(0^+) = & 0 \\ \frac{ds(t)}{dt} |_{0^+} = & 0 \\ \tau > & 0 \end{array} \right. \] \subsection*{Généralités} \begin{itemize} \item Tout système défini par une équation différentielle à coefficients constants est linéaire. \item La relation entrée sortie est définie par \[ s(t) = (h*e)(t) \] où $h(t)$ est la réponse impulsionnelle du système, obtenue pour une entrée impulsionnelle $\delta(t)$. \item Pour $e(t) = \delta(t)$, on a donc : \[ \tau^2 \frac{d^2h}{dt^2} + \tau \frac{dh}{dt} = -\delta(t) \] \item \textit{Déf :} Un système est stable s'il retourne spontanément vers son état d'équilibre s'il en est écarté. Autrement dit, un système est stable si : \begin{itemize} \item $\int_{-\infty}^{+\infty} |h(t)| dt$ converge \item $\lim_{t\rightarrow\infty} h(t) = 0$ \end{itemize} \end{itemize} Le problème est qu'il n'est pas évident de savoir si le système est stable à partir de l'équation différentielle. C'est pour cela que l'on passe dans le domaine de Laplace, et non \textit{Attention, humour !} parce qu'il y a la place d'y passer. \subsection*{Stabilité} \begin{itemize} \item Dans le cas de signaux causaux, la définition de la transformée de Laplace unilatérale $X(p)$ d'un signal $x(t)$ est : \[ X(p) = \int_0^{\infty} x(t) e^{-pt} dt \] \item On cherche à exprimer $H(p) = \frac{S(p)}{E(p)}$. Pour cela, on passe l'équation différentielle définissant le système dans le domaine de Laplace. \begin{align*} \tau^2 \frac{d^2h}{dt^2} + \tau \frac{dh}{dt} & = -et) \\ \tau^2 (p^2 S(p) - \frac{ds(t)}{dt} |_{0^+}) + \tau (S(p)-s(0^+)) & = - E(p) \\ \tau^2 p^2 S(p) + \tau S(p) & = - E(p) \end{align*} donc \[ H(p) = -\frac{1}{\tau p (\tau p +1)} \] \item Décomposition en éléments simples de $H(p)$ \[ H(p = - \frac{1}{\tau p (\tau p +1)} = \frac{A}{\tau p} + \frac{B}{\tau p + 1} \] En multipliant par $\tau p$ et en évaluant en $p = 0$, on obtient $A = -1$. En multipliant pat $\tau p +1$ et en évaluant en $p=-1\tau$, on obtient $B = 1$. Ainsi, \[ H(p) = -\frac{1}{\tau p} + \frac{1}{\tau p + 1} \] \[ h(t) = (-\frac{1}{\tau} + \frac{1}{\tau}e^{-\frac{t}{\tau}})u(t) \] Le système n'est pas stable car $\int_{-\infty}^{+\infty} |h(t)|dt$ diverge. Après une excitation impulsionnelle, le système tend vers une position d'équilibre qui n'est pas la position de repos. \textit{Généralisation :} Le système est stable si tous les pôles de $H(p)$ sont à parties réelles strictement négatives. (Ici, les pôles sont $p_1 = 0$ et $p_2 = - \frac{1}{\tau}$. C'est $p_1$ qui est responsable de l'instabilité.) Pour expliciter cette condition, prenons par exemple $H(p) = \frac{N(p)}{D(p)}$ avec $D(p)$ un polynôme de degré 2. On note $\Delta$ son discriminant. Si $\Delta < 0$, alors les racines de $D(p)$ sont complexes conjuguées et on peut écrire \[\frac{1}{D(p)} = \frac{A_i}{p-(a \pm jb)}\] Or, $\frac{A_i}{p-p_i} = TL[A_i e^{p_it}]$ donc $TL^{-1}[\frac{1}{D(p)}] = A_ie^{at}e^{\pm jb}$. Le système est stable si $e^{at} \rightarrow_{t\rightarrow \infty} 0$, c'est-à-dire si $a < 0$, soit $Re(p_i) < 0$. \end{itemize} \subsection*{Effet du bouclage sur la stabilité} On envisage le bouclage du système linéaire défini précédemment par un gain $k$ réel. \begin{itemize} \item On a immédiatement la fonction de transfert en boucle fermée (formule de Black) : \begin{align*} G(p) & = \frac{H(p)}{1+kH(p)} \text{ avec } H(p) = -\frac{1}{\tau p (\tau p +1)} \\ G(p) & = \frac{-1}{\tau p (\tau p + 1) - k} \\ G(p) & = \frac{-1/\tau^2}{p^2 + p/\tau - k/\tau^2} \end{align*} \item Détermination des pôles de $G(p)$. \[D(p) = p^2 + p/\tau - k/\tau^2 \quad \text{donc} \quad \Delta = \frac{1+4k}{\tau^2}\] \begin{itemize} \item Cas $\Delta > 0$ i.e. $k>-\frac{1}{4}$ : les racines de $D(p)$ sont alors $p_{1,2} = \frac{-1/\tau \pm 1/\tau \sqrt{1+4k}}{2}$ Si $1+4k \geq 1$ i.e. $k\geq0$, il existe une racine positive et une racine négative : le système est instable. Si $0 \leq 1+4k < 1$ i.e. $-\frac{1}{4} \leq k < 0$, alors les deux racines sont strictement négatives : le système est stable. \item Cas $\Delta < 0$ i.e. $k < -\frac{1}{4}$ : les racines de $D(p)$ sont $p_{1,2} = \frac{-1/\tau \pm 1/\tau j \sqrt{-(4k+1)}}{2}$. Les racines sont à partie réelle strictement négative donc le système est stable. \end{itemize} En conclusion, \begin{align*} k \geq 0 & \rightarrow \text{ instable} \\ k < -\frac{1}{4} & \rightarrow \text{ stable} \end{align*} Dans cet exemple, on rend le système stable par bouclage avec un gain $k<0$. \end{itemize} \medskip \noindent De manière générale, le bouclage peut avoir soit un effet stabilisant, soit un effet déstabilisant sur un système. \subsection*{Étude de la stabilité à partir de la fonction de transfert en boucle ouverte} On considère toujours le même système bouclé. On étudie sa stabilité à partir du critère de Nyquist, lequel repose sur une étude géométrique de $T(p)$, fonction de transfert en boucle ouverte du système. On ne considèrera ici que le cas $k>0$. \[T(p) = \frac{-k}{\tau p(1+\tau p)}\] \textit{Rappel du critère de Nyquist} Il est basé sur la relation $\boxed{N=P-Z}$ où \begin{itemize} \item $N$ : nombre de tours algébriques autour du point (-1,0) faits par le lieu de Nyquist de $T(p)$ \item $P$ : nombre de pôles à $Re >0$ de $T(p)$ \item $Z$ : nombre de zéros à $Re >0$ de $1+T(p)$ \end{itemize} Un système est stable en boucle fermée si $Z=0$.\\ \textit{Étapes de la démonstration} \begin{enumerate} \item On trace le Bode de $T(p)$ : $|T(p)| et Arg(T(p))$ \item On trace le Nyquist (représentation de $T(p)$ dans le plan complexe) \item On compte $N$ \item On détermine les pôles de $T(p)$ et on compte $P$ le nombre de pôles à $Re>0$ (compris dans le contour de Bromwich) \item On en déduit $Z=P-N$ et on conclut sur la stabilité. \end{enumerate} \textit{Diagramme de Bode}\\ \begin{figure}[h!] \centering \begin{tikzpicture} \draw [>=latex,->] (0,0) -- (0,3) node[left]{$\phi(^o)$} ; \draw [>=latex,->] (-1,1) -- (6,1) node[right]{$\omega$}; \draw [red] (0,2) node[left]{$90$} -- (3,2) -- (3,1) -- (6,1); \draw [>=latex,->] (0,4) -- (0,7) node[left]{$G_{dB}$} ; \draw [>=latex,->] (-1,5) -- (6,5) node[right]{$\omega$}; \draw [red] (0,6.5) -- (3,5.5) -- (6,3.5); \draw [red,dashed] (3,5.5) -- (3,1) node[below]{$\frac{1}{\tau}$}; \end{tikzpicture} \end{figure} \textit{Lieu de Nyquist}\\ D'après le diagramme de Bode : \begin{itemize} \item quand $\omega \rightarrow 0^+$, $|T(j\omega)| \rightarrow \infty$ et $\phi \rightarrow \pi/2$ \item $0^+ < \omega < \infty$, $|T(j\omega)| \searrow$ et $\phi \searrow \pi/2$ \item quand $\omega \rightarrow \infty$, $|T(j\omega)| \rightarrow 0$ et $\phi \rightarrow 0$ \end{itemize} \begin{figure}[h!] \centering \begin{tikzpicture} \draw (0,-4) -- (0,4) (-2,0) -- (4,0) ; \draw [red] (0,0.5) node[left]{$A$} arc (90:-90:0.5) node[left]{$D$} (0,3)node[left]{$B$} arc(90:-90:3) node[left]{$C$} ; \draw (5,0) -- (13,0) (9,-4) -- (9,4) ; \draw [dashed,red] (9,-3) node[left]{$D$} arc (-90:-270:3) node[left]{$A$} ; \draw [red] (9,3) arc (90:-90:1.5) node[left]{$C=B$} arc (90:-90:1.5) ; \end{tikzpicture} \caption{Tracé du diagramme de Nyquist avec un contour de Bromwich d'exclusion} \end{figure} \textit{D'après le Nyquist} \\ Si on parcourt le graphe de $\omega = -\infty$ à $\omega = +\infty$, on fait 1 tour dans le sens horaire de (-1,0) : $N=-1$ \textit{Calcul de P}\\ Nombre de pôles de $T(p)$ à $Re<0$ \[T(p) = \frac{-k}{\tau p (1+\tau p)}\quad p_1=0, \quad p_2=-\frac{1}{\tau}\] Avec un contour d'exclusion, on a $P=0$ \textit{Calcul de N}\\ On a $Z=P-N=1$. Le système est instable. \end{document}